Corse - Ghisoni - Mine de La Finosa

Publié par Ange Nilana

le 08/05/2025

0 commentaire

Échelle du sujet : non renseignée

Description

CORSE – GHISONI - PAGANELLO

Mine de plomb argentifère, de zinc, de cuivre de la Finosa

La Corse se compose de deux unités géologiques bien distinctes : La partie occidentale, appelée Corse hercynienne ou Corse continentale ou Corse ancienne, de nature essentiellement granitique et volcanique. Le secteur de La Finosa est implanté au sein de cette unité.

Gisement de plomb-argentifère de La Finosa Le gisement de plomb-argentifère de La Finosa se trouve dans un ensemble volcano-sédimentaire de nature rhyolitique et d’âge probablement permien, appelé complexe de Pajanello (Figure 4). Cet ensemble a la forme d’une écaille de 800 m de large pour 2 500 m de long, pincé dans des roches granitiques. À l’intérieur de l’écaille, les terrains présentent un pendage fort et sont constitués d’ignimbrites, d’arkose et de tufs verts ou rouges. Un niveau dolomitique peut localement être rencontré. La minéralisation se développe dans les tufs à matrice verte. Elle est constituée des minéraux sulfurés suivants : galène (PbS), blende (ZnS), pyrite (FeS2), arsénopyrite (FeAsS) bornite (Cu5FeS4), chalcopyrite (CuFeS2), cuivre gris ((Cu,Fe,Zn,Ag)12(Sb,As)4S13), cuivre gris cobaltifère, chalcocite (Cu2S), covelline (CuS), stromeyerite (AgCuS), proustite (Ag3AsS3), polybasite ((Ag, Cu)6(Sb,As)2S7), carrollite (Cu(Co,Ni)2S4) et greenockite (CdS). Le gîte principal est situé au lieu-dit Fontana Rossa (200 m de long pour 50 m de puissance), avec un minerai qui contient 2,8% de plomb, 2% de zinc et 50 g d’argent/tonne. Un second gîte est situé à Scaffu (80 m de long pour 20 m de puissance).

Le complexe volcanique et volcano-sédimentaire de Pajanello (« série de Pajanello » ; Netelbeek, 1951) est une formation pyroclastique et détritique qui affleure selon une direction méridienne, on n’y rencontre pratiquement pas d’épanchements de laves. La présence d’une minéralisation en plomb et argent (cf. § Gîtes minéraux), qui a donné lieu à l’exploitation minière de « La Finosa », a permis de reconnaître ce secteur avec précision (Aicard et al., 1962 ; Azais et al., 1968). Tous les « niveaux » sont subverticaux (ainsi que les contacts) et très étirés selon la verticale, parallèlement à la foliation régionale N140 (foliation mylonitique S1). Les données qui suivent sont tirées des données d’A. Aicard et al. (1962), H. Azais et al., (1962) et D. Counas (1986)

Le tuf rhyolitique vert (Pajanello RC 26), prélevé au point de coordonnées UTM 520088/4660100, a été daté par la méthode U-Pb sur zircon (SHRIMP) à 276 ± 3 Ma, i.e. plus jeune que le complexe de Christe Eleison - Kyrie Eleison. Ce tuf a un âge équivalent à celui de la rhyolite ignimbritique alcaline d’Asco, datée par la même méthode à 278 ± 2 Ma (Rossi et al., 2012, à paraître)

À La Finosa, deux aspects de la minéralisation non sulfurée retiennent aussi l’attention. On remarque d’abord plusieurs espèces assez originales parmi les minéraux d’oxydation puisque (outre goethite, lépidocrocite, cérusite et anglésite) ils comprennent des minéraux oxydés de cuivre et de cobalt ; on distingue des sulfates et chlorosulfates de cuivre (brochantite, spangolite et connelite), des carbonates (azurite et malachite) et un chlorure de cuivre (atacamite), un sulfate de cobalt (biébérite), un arséniate (bayldonite) et un sulfate de plomb et de cuivre (linarite) et un silicate de cuivre indéterminé. On remarque aussi au mur du gisement une minéralisation en manganèse de type stratiforme exhalatif (indice 1118-4X-4001) ; elle comporte, d’une part, en association avec la série dolomitique rouge, de l’oligiste et de minces couches syngénétiques de braunite rubanée, partiellement transformée en polianite ; d’autre part, en ciment dans la brèche volcanique fine à éléments d’ignimbrite et de rhyolite, de la piémontite en fines aiguilles avec quartz et hématite.

Les premières prospections sur le site commencent vers 1910. Elles se poursuivent jusqu’en 1922 et donnent lieu à une production d’en viron 400 tonnes de minerai de plomb et de cuivre transportés à dos de mulet jusqu’à la gare de Ghisonaccia.

La concession dite de la Finosa est octroyée à la "Société de Recherches des Mines de Ghisoni" dont le siège social est établi à Paris. Présidée par le commandant R. Ratyé, cette société cède en 1924 ses droits à la "Compagnie d’Exploitation des Mines, Minerais et Métaux", implantée à Marseille.

Dirigée par Auguste Cauvin, celle-ci fait procéder à des travaux d’aménagement : construction d’une usine de préparation de produit minéral en bordure du Fium’Orbo, implantation de logements d’ouvriers au hameau de Paganello, percement d’une route, installation de rails Decauville et de câbles pour le transport du minerai. En août 1925, elle change de dénomination et elle devient la "Compagnie minière du Kyrie Eleïson".

Sources :
BRGM CORSE - Bastelica 1118N
GEODERIS - Etude d’orientation sur le secteur de La Finosa 2022/125DE – 22COR24010